Fernando Girard : champion de la coopération

En Alberta, lorsqu’il est question du secteur coopératif francophone dans l’histoire de la communauté, le nom de Fernando Girard y est intrinsèquement lié. Dans les lignes qui suivent, nous vous présentons un survol de l’homme et sa contribution dans la communauté qui est toujours aussi présente, et ce, même 40 ans après sa mort!

Joseph-Adélard-Fernando Girard est né le 11 décembre 1913 à Saint-Ambroise, dans les environs de Chicoutimi (Québec), fils de Méridé et Albertine (Pedneaud) Girard. À l’automne 1925, Fernando Girard a quitté sa famille pour faire ses études au séminaire de Chicoutimi, où il est resté jusqu’en 1932. Il a ensuite travaillé comme bûcheron, mais comme il parlait l’anglais et savait l’écrire, il s’est lancé en affaires.

Fernando Girard s’est marié avec Sophie Lalancette le 8 juillet 1936. Elle est née le 25 mai 1913 à Saint-Ambroise. Ils ont eu dix enfants : Thérèse (1937), Hélène (1938), Gabrielle (1940), Noëlla (1942), Réal (1944), Fernande (1945), Jean-Claude (1948), Benoît (1949), Lise (1952) et Luc (1958). Luc Girard est mort avant son premier anniversaire et Noëlla est morte de cancer le 22 mars 1957.

En 1948, Fernado Girard est devenu le directeur de la coopérative agricole à Saint-Ambroise, le directeur de la Fédération des chantiers coopératifs (1949) et le directeur du service d’établissement rural de l’Union catholique des cultivateurs (UCC) du Saguenay (1952).

Le 17 juillet 1953, Fernando est parti visiter l’Ouest avec un collaborateur au service d’établissement rural. Ce voyage l’a impressionné vivement et a implanté chez lui le goût d’y installer sa famille.

L’UCC visait à établir des collectivités francophones dans l’Ouest, y compris à Saint-Isidore (Alberta). Fernando Girard et une partie de sa famille (d’autres membres arriveront dans les mois suivants) sont arrivés le vendredi 13 mai 1955 à Saint-Isidore, où il a été nommé directeur de la société les Compagnons de Saint-Isidore. Il est accueilli à la gare de McLennan par Antoine Bouchard (président des Compagnons de Saint-Isidore) et Louis-Joseph Laberge (Union catholique des cultivateurs).

Avant de défricher sa propre terre, Fernado Girard s’établit temporairement sur une ferme appartenant à la société d’établissement, soit la Société des Compagnons, et il prend en charge la gérance de cette entité avec comme priorité d’ouvrir un comptoir coopératif. Les débuts de cette coopérative furent assez humbles car ce comptoir consistait en une petite grainerie en bois de 12 pieds carrés. Avec les années, ce petit magasin a prospéré et s’est développé en une force économique majeure.

En plus de s’occuper de la gérance de la Société des Compagnons, Fernando s’est aussi impliqué dans plusieurs organismes, dont la Coopérative du Service d’établissement rural, qui avait son siège social à Girouxville.

Durant l’été 1963, Fernando a offert sa démission comme administrateur des Compagnons de Saint-Isidore. Il donnait ainsi suite à la demande d’un ami de LaCorey, Georges-Emile Dallaire, de venir occuper le poste de gérant du Service d’établissement rural (SER) à Saint-Paul. La famille Girard s’établit alors à Saint-Edouard. Quelques mois à peine après l’arrivée de Fernando, les deux SER, celui de Saint-Paul et de Rivière-la-Paix, fusionnent pour devenir des coopératives de développement. CARDA (Coopérative d’aménagement rural et développement agricole) voit alors le jour.

Fernando a aussi poussé l’engagement jusqu’à devenir président de l’ACFA régionale de Saint-Paul pour les années 1969 à 1971. À la même époque, Fernando a également trouvé du temps à consacrer à la culture, et en particulier au théâtre.

Devant une situation économique des plus prometteuses, les organismes coopératifs francophones, réunis sous un organisme provincial, le Conseil albertain de la coopération (CAC), ont senti qu’il était temps de réaliser un grand rêve, fonder une caisse populaire francophone. La réalisation de ce projet a amené Fernando Girard à déménager de nouveau, cette fois-ci pour la capitale albertaine.

En 1972, le Conseil albertain de la coopération est incorporé sous la charge de l’ACFA provinciale et Fernando Girard en devient le président. Fernando a été un personnage central à cette incorporation, présent sur les comités, assistant assidûment aux réunions qui exigeaient souvent de longs voyages. Des centaines d’articles paraîtront dans le journal Le Franco entre 1953 et 1973, faisant foi de cette véritable épopée coopérative.

L’une des priorités du nouveau CAC a été la création d’une caisse francophone à Edmonton, la Caisse Francalta, dont la fondation officielle a eu lieu le 17 mai 1972. Fernando Girard a été engagé par la nouvelle caisse le 2 septembre 1972 comme agent de développement, puis directeur en 1973. Lors du 29e congrès du Conseil canadien de la coopération, tenu à Québec le 30 juin 1975, Fernando Girard est décoré de l’Ordre du mérite coopératif.

Il a pris sa retraite le 17 mai 1978. À cette époque, il reçoit un diagnostic de cancer et il amorce des traitements. Il est décédé d’un arrêt cardiaque le 31 mars 1980 à Edmonton.

En raison de tout son engagement dans le secteur de la coopération, sa famille a créé, en 1991, soit 11 ans après sa mort, la Fondation Fernando-Girard en économie, qui remet annuellement des bourses à des étudiants du domaine de l’économie et de la coopération qui s’impliquent dans la communauté franco-albertaine à leur façon.

En 2009, l’ACFA a lancé un concours « Qui sont nos 10 héros franco-albertains? » Au terme de ce concours, Fernando Girard a été reconnu par la population franco-albertaine comme l’un des 10 héros de la communauté.

La réalisation de ce survol historique des accomplissements de Fernando Girard n’aurait pas été possible sans le livre « Tout pour tous : Fernando Girard, champion de la coopération », écrit en 1996 par son fils Réal Girard, et « Documenter l’Alberta francophone », (p. 60 et 61) un Recueil des ressources francophones aux Archives provinciale, 1965 à 2010, réalisé par les Archives provinciale de l’Alberta en 2012.